Levez vous – allez, allez, écartez légèrement les gambettes, prenez appui sur la gauche, pliez le genou (le gauche toujours), pointez le pied droit. Maintenant les bras : tendez les devant vous, paumes vers l’avant. Regardez droit devant vous, prenez l’air super heureux, souriez à pleines dents et hop jetez vos bras vers la gauche puis vers la droite. Vous êtes une star, entourée de danseurs qui font tous comme vous, mais en moins bien, vos poumons se remplissent du bon air des prairies suisses, la pluie ruisselle sur votre visage, votre amoureux (se) court vers vous les bras tendus, vous vous jetez dans ses bras (ou vous la faite tournoyer dans les airs, c’est selon), vos visages s’effleurent, votre amour est impossible mais on s’en fout, le baiser langoureux dont vous rêvez depuis que vous avez commencé à courir va se transformer en accolade, tendre d’accord, mais accolade quand même, pas grave vous êtes heureux, vous êtes mouillé, vous êtes à Bollywood.
Comme c’est bien connu, je suis une experte internationale Bollywoodiesque. Du coup, mes copinettes récemment arrivées dans nos contrées sauvages me demandent quels sont les incontournables pour se mettre à la page et pouvoir fredonner gaiment au son des radio cassettes (et oui, les cassettes survivent, y’a même des lecteurs dans les voitures, si si). Si vous croyez que c’est facile de répondre, comme ca, en 14 mots, vous vous mettez le doigt dans l’œil, ma réponse sera longue (avec un entracte quand même), chantante, scintillante, impossible, mais pas de panique, elle finira. Ma réponse est un film qui commence là. Les lumières se tamisent, la salle se tait, silence, caméra, action et certificat de censure des autorités indiennes.
En 2000, un regard vert lagon faisait tomber les mouches sur les quais de Victoria Station. Hrithik Roshan faisait ses grands débuts dans Kaho naa Pyaar hai (le film de papa Roshan – à Bollywood on reste en famille, mais j’en parlerai dans un prochain épisode de cette saga palpitante). En 2001, les convives du mariage des moussons (Monsoon Wedding – production non bollywoodienne) fredonnaient kaho naa pyaar hai dans leur salle de bain, en 2008, « qu’est ce que ca veut dire kaho naa pyaar hai » était la première question que je posais à ma prof d’hindi. En 2009, Hrithik ne fait pas tomber que les mouches dans sa nouvelle super production Jodhaa Akbar (hein ?)… Si ca c’est pas marquer l’histoire ! bon, ça veut dire « dis moi que tu m’aimes » et ça raconte en gros l’histoire d’un mec qui meurt et d’un autre qui lui ressemble vachement et une fille, y’a de l’amour, de la tristesse et du bonheur, de la danse et de la pluie.
450 mots et toujours pas les trois lettres : S.R.K. unbelievable ! SHAH RUCK KHAN. On est voisins… ca vous la coupe ? Tant mieux, j’aime briller. Impossible de parler de Bollywood post millenium sans parler de son Dieu vivant. Il est à l’affiche de la plupart des films que je vais citer. Il a le regard chaud, le muscle bandé, le cheveu brillant, il est omniprésent, il appartient a tout le monde et à personne. Il est le KING KHAN. Il vend des montres, des téléphones, des costards, des ordis, du shampoing, des assurances, il a un Q7 blanc et sa fille vient jouer chez ma voisine, je brille plus là, je resplendis. En 2000 il partage l’affiche de Mohabbatein avec Amitabh Bachchan (lui aussi méga star mais plus vieux et moins musclé mais élu superstar du millénaire en 1999 par la BBC quand même) et Aishwarya Rai et rien que pour ça, faut le voir. L’histoire du film : « Mohabattein est un hymne à l’amour qui célèbre une relation pure de deux âmes-sœurs dont la puissance, par delà la mort réussit à vaincre tous les obstacles ». Pas beaucoup de fesses, mais des tonnes de bons sentiments, et de la pluie, toujours.
SRK et Aish (c’est son petit nom, je me permets, c’est ma voisine aussi – mais oui, mais oui j’habite Beverly pali hills) se retrouvent à nouveau en 2002 dans Devdas. Celui là vous en avez sans doute entendu parler, même si vous vous foutez du cinéma Bollywood comme de votre première barrette. Remarquez, si c’est le cas vous n’êtes sûrement pas en train de lire. Sélectionné à cannes en 2002, il fait connaître au monde ses deux stars, Aish devient icône l’oréal et le monde entier crie Deeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeevdaaaaaaaaaaaaaaaaaas en courant au ralentit, le sari au vent et la larme à l’œil. Un amour impossible, encore, un jeu d’acteur pas franchement époustouflant, mais des couleurs chatoyantes, une photo de compet’, des chorégraphies millimétrées et une musique qui résonne jusqu’à Sucre (en Bolivie). C’est aussi la sixième fois que ce grand roman classique de Sorat Chandra Chaterjee est adapté au cinéma.
Carrément un autre genre, mais c’est pour rester en famille qu’il faut voir Dhoom (2004). Comme son nom ne l’indique pas, ça parle de grosses motos qui vont très vite et de vrais faux méchants mais pas tant que ça et de petites pépés en mini jupe. Marine Drive ressemble à la promenade des anglais et la marre aux canards de Bandra au lac de Genève. Dans ce paysage d’une propreté aussi suissesque que louche évolue Abhishek Bachchan. Il est le mari d’Aish et le fils d’Amitabh (en famille on vous dit). En 2006, il est à l’affiche de Dhoom 2, où on retrouve Aish et Hrithik mais j’ai pas vu et j’attends avec impatience la sortie de Delhi-6 à la fin du mois de février. L’affiche est gondriesque et en ces temps de récession une bonne louche de poésie loufoque est toujours bien venue. Je vous raconterai.
Alors que revoilà la sous préfète (si vous êtes toujours avec moi et que vous riez, sachez que je vous aime), nan j’deconne c’est encore SRK. SRK qui meurt et qui renaît et qui entre temps tombe amoureux, éperdument amoureux (ah zut, j’ai dévoilé l’intrigue). Il joue au tennis aussi et il a très peur du feu. Il est Om, elle est Shanti, ils sont OM SHANTI OM le it hit de 2007. Même ma coquinette chante et se dandine sur les chansons de ce blockbuster. Le film est truffé de scènes de bollywood pré-millenium, entre autres du classique Sholay, l’image est rapide, les couleurs franches, y’a un petit côté « We are the World », avec une bonne pelleté de guest stars pour une scène de danse, c’est pop, c’est in, c’est bath et c’est même plutôt digeste pour les estomacs fragiles. Et puis SRK danse la chemise ouverte devant un gros ventilo. Deepika Padukone est mignonne comme un cœur, tellement mignonne qu’elle intègre la dream team l’oréal en signant avec maybelline.
Allez, un petit dernier pour la route et pas des moindres, Dostana (2008). Deux Macho Men du ciné indien, John Abraham et Abhishek Bachchan jouent aux gays à Miami pour pouvoir squatter les deux chambres que loue la très prude Priyanka Chopra (c’est du cinéma on vous dit), et devinez quoi ? Ils tombent tous les deux amoureux d’elle…la vache ! C’est pas l’histoire qui marque, mais plutôt un baiser, vachement long, échangé entre les deux tombeurs. Elle, dégoutée se tire avec un autre à l’aéroport et prend le même avion que nous le 24 décembre (mais non, elle est pas dégoutée, par contre elle a pris le même avion que nous, décidemment heureusement que j’aime le glitter, sinon je serais obligée d’aller vivre à limoges pour être vraiment sure de ne jamais croiser de stars).
A suivre (très bientôt) : indie hindi et mes amis les stars
Kaho naa pyaa hai (2002) – réalisé par Rakesh Roshan – Hrithik Roshan & Amisha Patel
Monsoon Wedding (2001) – réalisé par Mira Nair – Naseeruddin Shah & Lalit Verma
Mahabbatein (2000) – réalisé par Aditya Chopra – Shah Ruck Khan & Aishwarya Rai – Amitabh Bachchan
Devdas (2002) – réalisé par Sanjay Leela Bhansali – Shah Ruck Khan & Aishwarya Rai
Dhoom (2004) – réalisé par Sanjay Gadhvi – Abhishek Bachchan & John Abraham
Dhoom 2 (2006) – réalisé par Sanjay Gadhvi – Abishek Bachchan & Aishwarya Rai & Hrithik Roshan
Delhi 6 (2009) – réalisé par Rakeysh Omprakash Mehra – Abhishek Bachchan & Soonam Kapoor
Om Shanti Om (2007) – réalisé par Farah Khan – Shah Ruck Khan & Deepika Padukone
Dostana (2008) – réalisé par Tarun Mansukhani – Abhishek Bachchan & John Abraham & Priyanka Chopra
Sholay (1975)- réalisé par Ramesh Sippy – Amitabh Bachchan & Jaya Bhaduri
Actu Bollywood en français : http://bollywood.over-blog.net/
Je crois qu’il faut serieusement que je me penche sur le sujet des films bollywoodiens, j’ai une culture proche de 0 en la matiere! J’ai l’impression qu’ils se ressemblent tous! …La deuxieme pensee qui me vient c’est que ca montre bien que je reste une touriste dans ce pays! Le jour ou je saurais apprecier les subtilites bollywoodiennes, j’auraisfranchi un cap ds l’integration! Merci pour ce guide, je vais m’atteler a la tache!
j’ai compri environ moitié mais j’ai ri tres fort! i’m posting this on my facebook page… who knows, my french may improve! you have such a great ‘voice’… this is a fantastic blog!
c’est vrai que tu as une belle voix; et en plus, ce que tu fais est DINGUE!! jamais j’arriverais à faire un truc aussi documenté et organisé et bien foutu.
je m’en fiche, en même temps, de pas habiter dans le quartier des stars comme toi. T’y étais, toi, hier au club à UN METRE de La légende Vivante Léonard Cohen, d’abord?
non, toi tu préfères Herbert Léonard, et je parie que tu es tellement jeune que tu ne les connais ni l’un ni l’autre…
hé, y a rien en mars, dans ce blog?
ouais ouais, ben ca vient… je suis encore toute perturbée d’avoir loupé Leonard Cohen et surtout que tu penses que je puisse ne pas connaitre herbert léonard, ce monument de la chanson francaise ! j’en remets pas !
Merde! J’ai arrêté le DVD de Dostana trop tôt, j’ai loupé la pelle entre John et Abishek!!! C’est vrai ? Vraiment vrai ?
oui c’est vrai ! vraiment vrai !
Je suis écroulée de rire ! Bravo je vais vous lire tous les jours !
Ohhh! Mais je crois qu’on risque de bien s’entendre si jamais on se croise un jour!!! J’étais morte de rire à la lecture de cette note. Ca fait du bien de bon matin!
Chouyo vient de nous envoyer un lien vers ton blog et je te souhaite la bienvenue parmi les blogeurs francophones de Bombay.
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