Bombay est une ville qui aime vite et fort, souffre beaucoup et toujours, renaît. L’art n’y échappe pas. Quelques mois ont suffit à le transfigurer. Avant-hier, succès express, fièvre indienne, monde en émoi. Hier, crise, fermeture, dépression. Aujourd’hui, renaissance, maturité, sérénité.
C’est dans cette ambiance calme et ensoleillée que la Galerie de Matthieu Foss a vu le jour. Elle est discrètement nichée dans une rue calme de Balard Estate et consacre ses murs blancs aux photographes indiens ou pas.
La première exposition présente le travail de Marcus Leatherdale, canadien déraciné en Inde depuis presque 20 ans. Mélange subtil de deux séries de photos : ‘Adivasi Tribals’ et ‘Bharat Tasvir’. Dans les deux cas des portraits sépias comme un arrêt sur image de ce monde accéléré, témoignent de son amour inconditionnel de l’inde, des indiens, de leur diversité. Tous égaux devant son objectif, les riches influentes de Bombay prennent des pauses théâtrales aussi volontiers que les membres des tribus, oubliées de la civilisation.
Dans une autre vie Marcus Leatherdale photographiait dans son studio new-yorkais les plus grands, les plus hype. Aujourd’hui, il installe une bâche noire, studio éphémère, dans des régions oubliées de l’inde, perdues entre deux routes, deux états, deux mégalopoles et immortalise ceux qui tentent tant bien que mal de rester loin de toute la hypitude.
En 2000, Marcus Leatherdale s’installe au Jharkhand et consacre sa vie à photographier les membres des tribus locales. Les regards sont bruts, défiants, prêts à affronter la civilisation qui menace de les faire rentrer dans le rang. D’autres sont pudiques, résignés.
Certaines pauses rappellent des travaux plus anciens. ‘Hidden Identities’, série réalisée entre 1982 et 1990 mettait en scène des hommes et des femmes au visage caché pour ne laisser transparaître que leur style, leur aura . Une mariée dissimulée par sa main trahit tout le poids des traditions indiennes ou peut être juste la timidité d’une jeune mariée parée. Je vois surtout l’élégance de la main qui a elle seule résume l’élégance de l’Inde. Une femme courbée par le poids des années dissimule son visage ridé et montre l’agilité de son corps âgé et l’éclat de ses bijoux. A travers l’objectif du photographe elle est touchée par la grâce.
Marcus Leatherdale réalise un témoignage minutieux. ‘j’espère leur rendre un hommage artistique au travers de mon travail photographique et compiler un livre aussi exhaustif que le temps et les efforts le permettront… ce sera peut être la mission d’une vie’.
Gitanjali – New Delhi (Bharat India)
Ghond Toe Rings, Kwardha, Chhattisgarh (Adivasi Tribals)
Né à Montréal, Marcus Leatherdale expose depuis plus de 20 dans des galeries du monde entier. Ses photos ont été publiées, entre autres, dans le New Yorker, Vanity Fair, Details et Elle Decor. Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections de musées tel que L’Art Institute of Chicago et le Vienna Museum of Modern Art. Depuis 1993 il travaille exclusivement en Inde.
Ses portraits indiens sont compilés dans l’ouvrage Facing India – Portraits of Bharat India.
Il expose pour la première fois à Bombay. Jusqu’au 13 février.
Matthieu Foss Gallery – www.matthieufossgallery.com
Hansraj Damodar Trust Building ,Ground Floor, Goa street , Ballard Estate
foss.matthieu@gmail.com
La galerie est ouverte du lundi au samedi de 10h à 19h.
Ping : » Derniers articles L'actualité culturelle à Bombay » Facing India – Portraits of Bharat India
dis donc, j’ai vu que dans les expos futures, l’une était signée « Pat ».
C’est toi, avoue-le. On reconnait ton sourire!
c’est pas moi, évidemment, I wish, par contre, c’est moi qui ai écrit le texte du catalogue. vernissage mardi prochain. je te raconterai.