Mardi soir j’ai entendu un bruit que je pensais disparu; celui que fait la molette d’un appareil photo, celle qui fait avancer la pellicule; cric, cric, cric. C’était au vernissage de PAT, photographe. Et c’était PAT, himself, qui prenait des clichés des gens devant les siens.
Pat est un ovni.
Malgré sa jeunesse (pat est né en 1980 et oui, 30 ans c’est jeune), Pat est old school. Il prend des photos lentement, précisément, méticuleusement. Il imagine, cherche le modèle parfait, met en scène et clique, sur ses appareils argentiques. Ensuite il rêve du résultat en laissant la pellicule reposer au fond d’un tiroir. Bien plus tard il développe, grâce à un mélange chimique savant. Il prend son temps.
Pat est indien mais il faut que je te le dise pour que tu le saches. Rien dans son travail ne trahit ses origines, contrairement à ses contemporains qui dénoncent et témoignent. Il absorbe tout et n’oublie rien. Les rencontres, les discussions enflammées, les lectures, les objets qu’il collectionne et qu’il revend parfois, la musique, la plage et la douceur de vivre ‘goanaise’ le construisent.
Pat se marre. Il provoque avec des nichons ou des collants sur la tête, apaise avec des natures mortes, transporte avec des paysages et nous laisse seuls sans indice pour interpréter.
C’est notre humeur qui détermine ce qu’on voit, au delà de ce que le photographe immortalise.
Tu vois des voies de chemin de fer, glauques, mélancoliques. Mais est ce que n’est pas juste la gare derrière la maison de Pat ? Entends tu siffler le train? ou le souffle du fantôme qui hante cet endroit abandonné? Vois tu des nus esthétiques ou des photos d’un tournage de film X? Qui se cache sous le collant? un artiste torturé par la représentation humaine et en quête de sa propre identité ou un homme facétieux qui aime se déguiser et faire le con.
Il n’y a aucune logique, peut être juste un point commun: l’isolement. Quelque soit l’objet, il est délibérément isolé. Comme si Pat se cherchait, cherchait son identité, sa place dans l’Inde d’aujourd’hui, en tant qu’homme, en tant qu’artiste.
Mais toi, ne cherche pas, il ne le veut pas. Son seul désir, il me l’a dit, c’est que tu voyages et surtout que tu t’éclates autant que lui.
Ses photos, prises entre 1998 et 2008, sont exposées à la galerie de Matthieu Foss jusqu’au 11 avril.
Pat – Banana Blue Wall 2006
Pat – Landscape 2006
Pat – Tracks 2008
Pat est un photographe autodidacte né à Bombay. Il partage son temps entre Bombay et Goa. Il a réalisé plusieurs séries de mode. Son travail a été exposé en 2007 dans l’exposition de groupe « What Wears Me » dirigée par Matthieu Foss.
Pat – Unseen, Unheard, Unexplained est sa première exposition individuelle.
Matthieu Foss Gallery – www.matthieufossgallery.com
Hansraj Damodar Trust Building ,Ground Floor, Goa street , Ballard Estate – t. 9820566649 – foss.matthieu@gmail.com
La galerie est ouverte du lundi au samedi de 10h à 19h.
Critique de l’expo sur CNN Go : http://www.cnngo.com/mumbai/shop/pat-447200
J’adore ! ça me rappelle, dans une certaine mesure, le travail de Dash Snow , en moins glauque – j’imagine que l’histoire de Snow parasitait ma perception de ses snapshots.
Bonnie, je connaissais pas Dash Snow, shame on me.
t’as raison, certaines photos de pat font penser aux polaroids de Snow, mais le bonhomme (pat) a l’air beaucoup moins dark que Snow. j’espère qu’il aura un destin moins tragique.
Bah, pas de shame qui tienne, j’ai appris l’existence de Dash Snow quand il est mort. Et je me suis arrêtée sur l’article, aussi parce qu’il ressemblait peu ou prou à un fuc^$ù%=!!ing ex – enfin avec la barbe, ils se ressemblent tous en fait 😉
j’aime bien la dernière, moi.
ça me fait penser aux snaps de paul de lavanelle, pas toi?
en fait, non, d’abord je sais pas ce que c’est, un snap, et paul de lavanelle, à une ou deux lettres près c’est juste un nom que ma fille a gribouillé sur un bout de papier abandonné à côté de mon ordinateur. elle a écrit juste en dessous un mystérieux et très modianesque « hotel le Serena ».
quel snap, ce paul!
enfin bon, j’aime bien le nichon, comme toi, mais je trouve la dernière photo plus couillue.
mais c’est toi qui vois, hein.
un petit bout de papier avec paul de lavanelle et hotel le serena, on dirait une petite contrainte de départ pour un atelier du mercredi…