Ouvre les yeux et regarde ‘El secreto de sus ojos’*.
Je sais, je ne suis pas en avance, ce film argentin a eu l’oscar du meilleur film étranger en 2010, mais je ne suis pas encore invitée aux avant premières. Bientôt.
Ricardo Darin et Soledad Villamil ont des yeux, mais des yeux. Et le réalisateur, Juan José Campanella, les filme intensément, tellement, que tu entends ce qu’ils disent: l’Amour avec la voix qui tremble.
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi, un meurtre horrible, l’histoire d’amour d’une vie, des vies frustrées, des trains qui partent, un homme qui écrit l’histoire de sa vie pour tenter de prendre son destin en main, l’Argentine des années 70 avec ses méthodes gouvernementales délirantes et un plan séquence* magique de 5 minutes dans un stade de foot, on est en Argentine ne l’oublions pas, qui mérite à lui seul l’oscar.
* Dans ses yeux en français.
Co production hispano-argentine de 2009. Réalisé par Juan José Campanella.
El secreto de sus ojos (The secret in there eyes) met en scène Ricardo Darin, monstre sacré du cinéma argentin et Soledad Villamil, actrice et chanteuse argentine au talent reconnu.
Le film gagne l’oscar du meilleur film étranger en 2010 et le prix Goya du meilleur film étranger en langue espagnole la même année.
* Je ne peux pas résister : le plan séquence qui a remplacé dans mon cœur celui de Gangs of New York. Évidemment, on ne peut pas passer d’un plan à 300 m d’altitude au dessus d’un stade de foot, à une poursuite caméra à l’épaule dans le labyrinthe du stade sans un peu de montage, mais on veut pas savoir. C’est ça la magie.
Critina c’est la bonnasse de la classe. Celle qui est toujours au premier rang sur la photo.
(Angela n’a aucune chance)
Celle qui aimerait bien se taper le capitaine de l’équipe de foot
Mais qu’est pas trop difficile
(Cristina avec Hugo)
(Cristina avec Nico)
(Cristina avec Evo)
(si ton prénom finit en O et que tu es puissant tu as toutes tes chances)
Elle n’est pas complètement sossotte non plus, faut pas déconner, elle va pas coucher avec n’importe qui comme toutes les autres pétasses.
(Cristina avec Dodo)
(ah non même avec un ‘o’, aucune chance- NDLR : au moment de la photo, il était encore puissant)
(Cristina avec Sivio)
(pareil)
Comme elle est fille, elle bitch avec sa BFF dès qu’elle peut
(attends, t’as vu les dents de la morue derrière ?)
et comme elle est aussi chic fille, elle n’hésite pas à donner de bons conseils à son meilleur ami dans la merde
(Zapa, chéri, t’en fais pas, t’as qu’à faire comme nous : niquer le FMI)*
Et puis, elle n’est jamais contre un peu de glitter
Cristina avec Sean (ma mère lit ce blog)
Cristina avec Ricky (ma mère et ma belle mère lisent ce blog)
Et à tous ceux qui la critiquent elle dit « même pas peur, je ne tremble devant rien ni personne, Will aux Malouines, RAF (plus ‘Rien à F…aire’ (ma mère lit ce blog) que Royal Air Force mais t’avais compris) »**
Mais, au fond, dans son petit cœur, elle se dit que ce qu’elle aimerait vraiment, c’est chanter au balcon, comme l’autre***.
* en 2003, après la crise économique TOTALE de 2001 qui a laissé l’Argentine mourante, Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007, accuse le FMI d’être la cause principale de la débâcle et décide de ne pas rembourser la dette de l’Argentine (con dos cojones!). Nestor gagne le bras de fer et réussit à redresser le pays. En 2007, Nestor ne se présente pas, mais sa femme Cristina, oui. Elle est élue. En 2010, Nestor meurt d’un arrêt cardiaque. Cristina est ré-élue en 2011.
** Les malouines sont des îles au large de l’Argentine, sous contrôle britannique depuis 1833. En 1982, les argentins décident que ça va bien maintenant, les malouines c’est chez nous et débarquent sur les plages. Malheureusement pour eux, en face y’avait Thatcher. Ils sont renvoyés chez eux, la queue entre les jambes, moins de trois mois plus tard. Depuis, c’est tendu. Et en ce moment plus que d’habitude. William, the prince, est là bas, soit disant pour s’entraîner à être un joli soldat, mais dans le doute, l’Argentine vient de déposer une plainte à l’ONU contre la Grande Bretagne pour militarisation de l’atlantique sud. Et puis une petite crise des malouines ça permet d’attirer l’attention sur autre chose qu’une crise économique latente (déjà en 82). En plus, Sean Penn est contre la dominance Britannique. Et si tu te demandes pourquoi toute cette violence pour des petites îles de rien du tout où il fait très froid, c’est parce qu’en plus de quelques pingouins y’a beaucoup de pétrole, forcément.
*** Evita, Eva Perón, deuxième femme de Juan Perón, président de la république Argentine de 1946 à 1955 et de 1973 à 1974, elle est une icône de l’Argentine, un cliché aussi (Andrew LLoyd Webber lui a consacré une comédie musicale et Alan Parker un film, c’est dire). D’origine modeste, elle assure le lien entre son mari et la classe ouvrière. Elle a eu une très grande influence pour l’obtention de la plupart des acquis sociaux du pays, notamment le vote des femmes, la sécurité sociale, les congés payés et plus largement les droits des travailleur et le rôle des syndicats. Elle meurt à 33 ans.
La vache argentine est heureuse. Elle est rieuse. Elle gambade dans la pampa.
Et pourtant la « PARRILLA » (prononcer parija) l’attend au bout du chemin. La parrilla est l’équivalent gringo de ton barbeque. La parrilla est construite en briques, et ton appartement ou ta maison autour.
L’argentin consomme 56 kilos de viande de boeuf par an (deuxième consommateur mondial derière l’Uruguay, 60 kilos – 25,4 kilos en France, pff, végétariens).
Peut être que c’est le secret des jolis garçons et des gros nichons.
* ces chiffres sont issus du site globometer.com qui donne en temps réel (depuis le début de l’année et même depuis que t’es connecté), les kilos de viande de boeuf consommés dans le monde, mais aussi le nombre de préservatifs utilisés, ou le nombre de voyageurs à l’aéroport d’atlanta, ou le nombre d’homicides dans le monde. Depuis que je suis connectée 0, ça redonne espoir en l’humanité, ah non, maintenant c’est 7.
Match du River Plate (actuel club de David Trezeguet, et oui) contre l’équipe de Belgrano. Le River, club mythique, est en train de perdre et donc de passer en deuxième division (estamos en la B, estamos en la B!!!!), les super boules.
L’autre club mythique de Buenos Aires, est la BOCA Junior. Eux, ils gagnent tout, tout le temps et sont les actuels champions du pays.
Maradona a joué pour la BOCA, Maradona est Dieu.
Vocabulaire :
Pelotudo : demeuré
Pendejo: abruti
Jodete : vas te faire E….(ma mère lit ce blog)
Hijo de puta: fils de pute
La puta que le pario : sa mère la pute
La concha de tu madre : synonyme le plus approchant : sa mère la pute, traduction littérale: la moule de ta mère,
La concha de tu hermana: variation de la précedente expression avec hermana : soeur
La re-puta de tu madre : le préfixe « re » est utilisé pour accentuer l’emphase: Es Re-lindo : c’est vraiment très joli, esta Re-bueno, c’est vraiment très bon – équivalent à putain, sa mère la pute’
La re-putissima de tu madre : le suffixe ‘issima’ ou ‘issimo’ au masculin, est un superlatif utilisé aussi pour accentuer l’emphase. Esta buenissima, elle est super bonne – équivalent à ‘putain de bordel de merde de sa mère la pute’
Le new yorkais est pressé, il a toujours un truc à faire ou le monde à sauver. Le new yorkais ne peut pas perdre de temps, jamais, Time is Money, alors le new yorkais boit son café dans la rue, en marchant d’un pas rapide, tout en gueulant dans son téléphone des trucs supers importants (it’s like you know).
(exemple de new yorkais buvant du café. y’a pas que les bombasses qui en boivent, mais les autres, personne ne les prend en photo – je sais qu’elles ne sont pas new yorkaises, – who do you think i am ? – mais You know what I mean)
Le Porteño (c’est comme ça qu’on appelle les habitants de Buenos Aires, parce que Buenos aires est un port j’imagine, non ?), boit du maté.
Le maté (ou yerba maté) est un mélange d’herbes qu’on place savamment dans une petite calebasse, la poudre en haut, les feuilles en bas, on retourne dans un sens, dans l’autre, on place les feuilles en diagonale, on tasse, on tourne encore une fois. Apres, on verse de l’eau frémissante sortie tout droit du thermos. Puis on aspire le tout grâce à un petit ustensile drôlement pratique à mi chemin entre la cuillère, le filtre et la paille (je cherche activement d’autres utilités à cette chose nouvelle dans mon paysage). Quand il n’y a plus d’eau, on en rajoute, d’où l’utilité du thermos à proximité. Le maté est très amère, alors parfois il faut rajouter du sucre et donc avoir un récipient avec du sucre dedans à portée de main, et une cuillère.
Résumons : le buveur de maté a donc besoin d’une calebasse, du paquet de maté, d’une bombilla (c’est le nom de la chose paille), d’un thermos et d’un Tupperware plein de sucre. Le maté se boit si possible assis (avec tout le bordel à trimballer c’est sur que c’est plus simple, mais on trouve aussi des buveurs de maté debout et qui marchent, forcément pas trop vite), en groupe et la tradition veut qu’on le passe de mains en mains dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour ralentir le temps.
Le porteño boit autant de maté que le new yorkais de café.
Quand y’a overdose de Kahn, le remède c’est Kapoor.
Pendant que Sonam illumine la croisette, Anish féconde le Grand Palais.
Anish Kapoor est l’invité de Monumenta, événement, qui chaque année, présente une œuvre inédite d’un artiste exceptionnel dans la nef du Grand Palais.
Sculpteur de la démesure, Anish kapoor a rempli l’espace avec une structure gonflable gigantesque ronde, chaude et rouge.
Lorsque l’on pénètre à l’intérieur, les bruits sont étouffés, la toile semi-opaque rouge transforme notre vision du monde extérieur, l’humidité nous oppresse et l’air raréfié nous donne un léger vertige. Nous sommes dans la matrice. Misérables petits fœtus en ballade dans l’immensité gonflée.
Quand on coupe le cordon, qu’on sort de la bulle, l’air est plus frais, plus léger. Cette sensation de bien être soudain nous rappelle que notre place est dans le monde, en pleine lumière. On fait alors le tour de l’œuvre et on ne lutte pas contre une envie irrépressible de poser sa main sur la toile ronde pour espérer y sentir un mouvement, une onde, la vie.
Évidemment, les plus scientifiques d’entre nous s’extasient devant le défi technique. Un triptyque gonflé en permanence, boulonné au sol, des lais de tissus kilométriques, des bulles géantes posées délicatement sur le béton. 37 mètres de haut, 100 mètres de long, 12 tonnes. Dingue.
L’ambition d’Anish Kapoor est de « parvenir par des moyens strictement physiques à proposer une expérience émotionnelle et philosophique inédite ». Mission accomplie.
En revanche impossible de savoir pourquoi Anish Kapoor a appelé son œuvre Lévianthan qui n’est autre qu’un monstre marin, dragon, serpent et crocodile évoqué dans la Bible qui peut être considéré comme l’évocation d’un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d’en bousculer l’ordre et la géographie, ou carrément d’anéantir le monde alors qu’il dit avoir été inspiré par la Vénus de Willendorf, représentation brute de la fécondité et donc de l’avenir. Toutes les interprétations sont possibles. C’est l’essence de l’art.
Anish Kapoor, Monumenta, au Grand Palais jusqu’au 23 juin 2011.
Photo : L’express
Photo: Telegraph UK
La Vénus de Willendorf
Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay. A l’âge de 19 ans, il s’installe à Londres et suit les enseignements du Hornsey College of Art, puis de la Chelsea School of Art Design. Dès le début de sa carrière, il est choisi pour représenter l’Angleterre lors de manifestations internationales (Biennale de Paris en 1982, Biennale de Venise en 1990). Depuis lors, fort d’une reconnaissance artistique précoce, Anish Kapoor a cumulé presque tous les honneurs et toutes les responsabilités susceptibles d’être confiés à un artiste en Grande Bretagne : lauréat du prix Turner et élu membre de la Royal Academy en 1991, Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (CBE) en 2003, et membre des institutions artistiques britanniques les plus prestigieuses (Art Council, Conseil de supervision de la Tate Modem).
Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands sculpteurs vivants, il bénéficie d’une popularité étonnante auprès du grand public international, grâce à un art résolument expressif malgré son abstraction. Ses sculptures sont ainsi présentes dans les musées et les collections privées du monde entier, mais également offertes à tous dans des lieux publics.
En me baladant, en chantant la la la, j’ai rencontré tout un tas de petits personnages dans la tête de Jean Michel Basquiat. Comme ils faisaient beaucoup de bruit et qu’ils bousculaient la glauquitude bien pensante de l’hiver parisien, j’ai essayé de les semer en fonçant sur les lignes droites de Mondrian. Des carrés, des angles, des plans, pour finalement me retrouver seule dans les pièces vides de Martin Kasper, à attendre. Quoi ? Le printemps ? Un ciel étoilé de Magritte ? Demain ? ou le retour de ceux qui font du bruit?
Jean Michel Basquiat – Untitled – Fallen Angel – 1981
Piet Mondrian – Composition en Rouge Bleu et Blanc II – 1937
Martin Kasper – Café 2 – 2010
René Magritte – La Page Blanche – 1967
Trois mois passés aussi à chantonner ‘comme d’habitude’ le matin dans la nuit froide et mouillée, à dévaliser tous les rayons de fonds de teint, blush et de coup de pouce bonne mine, tous, à lever les yeux creux vers le ciel aussi triste qu’un néon d’hôtel amputé d’une lettre.
Et puis j’ai pris un abonnement Point Soleil, sorti les épaules, ouvert les fenêtres en grand, entendu les bruits de la rue et la musique du voisin, cligné des yeux un soir vers 7h face au soleil couchant, et c’était le printemps.
Je vis dans un aquarium. Aucune métaphore, je suis entourée de poissons. Des requins sur les branches du sapin, des kilomètres du mot poisson calligraphié en attaché, des sirènes dans la baignoire, des thons dans mon lit (là encore aucune métaphore, je viens de lire et d’aimer « requiem pour un thon » de Romain Chabrol), le tout orchestré par des les ‘tadam’ lancinants de la BO des dents de la mer version funky lalo shifrin (ça fait moins peur).
Entre deux ‘tadam’, alors que je gambade d’un pas aquatique entre les morues, je tombe sur le reflet argenté d’un squale enfermé. Il est là, à peine dissimulé derrière un rideau de perles, il regarde les passants, impassible. Lui, un vestige de la préhistoire à présent fossilisé sous les doigts de l’artiste.
Mauro Corda, sculpteur monumental, nous renvoie l’image du monde et ses contorsions les plus sombres.
Dans son univers, les poissons volent et les humains se plient. Tous ont le regard noir. Noir abyssal des corps déformés, noir condamné du noyé, noir prisonnier de l’enfant enfermé dans un monde qui ne lui appartient plus, noir déshumanisé de celui qui porte sur ses épaules toute la souffrance du monde.
C’est par les profondeurs orbitales que la vie s’échappe des corps en mouvement. Les êtres sont fantomatiques, automates dans un monde vide de sens. Le vide nous emplit. La souffrance est palpable et le réalisme angoissant.
« L’ATMOSPHÈRE que nous propose Mauro Corda est irrespirable; l’humain semble vivre un péril ou s’en protéger. La beauté des volumes, la pureté du visage et sa brillance ajoutent au malaise» écrit Thierry Delcourt dans le portrait qu’il peint de l’artiste – et pourtant notre regard caresse, nos mains se tendent pour essayer de palper la prouesse technique qui défie la gravité. On veut toucher tout en frissonnant à l’idée de sentir le sang froid du métal, sa morsure.
Le squale n’est pas seul dans son aquarium métallique. Une raie, un saint pierre, un barracuda lui renvoient des bulles et peuplent le temps d’une exposition les océans de murs de l’Opéra Gallery.