En mai dernier, Joesley et Wesley Batista, frères jumeaux (nés en 1972) aux commandes de l’ogre brésilien de l’agro-alimentaire JBS et soupçonnés de divers méfaits, livraient à la justice des enregistrements accusant directement le président en Exercice Michel Temer de corruption. Ils tenaient le pays par les couilles et se sentaient invincibles.
Ils sont aujourd’hui tous les deux en prison. Wesley pour délit d’initiés et Joesley pour violation de « l’accord de délation »*.
Comme toujours, la télénovela nous surprend et nous tourneboule. Nossa* ! Mais que s’est il passé ?
Tout commence au début des années 60, quand José Batista Sobrinho, le père donc, quitte Anápolis, une ville de la province de Goiás dans l’intérieur du Brésil où il possède une modeste boucherie, pour s’installer à Brasilia alors en construction. Il négocie un contrat avec le gouvernement pour fournir de la viande aux entreprises de travaux publics en pleine activité. Son business est florissant.
La famille Batista pas encore au complet à Brasilia au début des années 60. José, a.k.a. zé et son épouse, dona Flora auront 6 enfants.
Pendant 30 ans l’entreprise grandit gentiment en rachetant la plupart de ses concurrents. Dans les années 2000 la croissance devient exponentielle, son chiffre d’affaires est multiplié par 30 et en 2014 le groupe, alors dirigé par Joesley et Wesley, devient le plus gros producteur et transformateur de viande du MONDE et le numéro 2 mondial de l’industrie agro-alimentaire derrière Nestlé (les Suisses sont quand même toujours les plus forts). Le groupe JBS et toutes ses marques, dont Friboi, est l’un des fleurons de l’industrie brésilienne au même titre que Petrobras (pétrole- déjà impliqué dans le lava jato*) et Odebrecht (construction – déjà impliqué dans le lava jato* aussi) pendant la grande époque de Lula. JBS est aussi propriétaire des tongs Havaianas, je sais ça n’a rien à voir avec la viande, mais c’est marrant.
l’usine de bidoche et le sourire du mec, tout ce qu’il faut pour devenir végétarien
Cette croissance indécente est largement financée par la Banque nationale du développement économique et social (BNDES), puissant bras financier du gouvernement qui verse au groupe plus de 8 milliards de reais.
JBS devient par la même occasion un généreux donateur pour le financement des campagnes électorales. En 2014 l’entreprise verse près de 400 millions de Réais à des candidats de pas moins de 16 partis politiques. Parmi eux on trouve l’ex-présidente Dilma Rousseff, 12 sénateurs, 18 gouverneurs et 190 députés.
Les deux frères vivent grand train entourés de leurs amis puissants. En 2012, Joesley célèbre son mariage avec une jolie présentatrice TV lors d’une fiesta à tout péter : plus de 50 000 orchidées, 1000 invités, dont Michel Temer et Guido Mantega, ex-ministre des finances, show d’une super star brésilienne et lancé de sac Chanel à la place du bouquet (c’est beaucoup plus utile pour celle qui le reçoit) et puis le pognon c’est mieux quand ça se voit.
Mariage Chanel (la robe aussi) et orchidées
Joesley et Michel Temer
Joesley et Sean Penn (why not?)
Yacht de Joesley, Why Not, justement.
C’est en 2016 que le nom des Batista apparaît pour la première fois dans les enquêtes liées au Lava Jato*. Tous ces milliards reçus de la banque nationale turlupinent la police et la justice fédérale. Début 2017, le scandale de la viande avariée éclabousse le groupe JBS. Trop c’est trop. Les frères Batista sont mis en examen.
Comme tous les autres, acculés, ils commencent à causer pour essayer de sauver leur peau en négociant une remise de peine. C’est dans le cadre de cette négo qu’ils balancent une bombe : un enregistrement de Michel Temer, le président himself, en pleine tentative de corruption. Trahison.
Les jumeaux Batista kings of the world
S’en suit une crise politique tonitruante qui place Michel Temer sur la sellette et fait s’effondrer la monnaie nationale.
Mais devine qui avait anticipé la chute du Real ?
Wesley Batista est aujourd’hui accusé de délit d’initiés. Il a utilisé une information privilégiée (la divulgation des enregistrements) pour s’enrichir (en vendant plein de Reais la vieille de la chute de la monnaie). Joesley lui est détenu pour violation de l’accord de délation.
Et comment le sait-on ?
Dans le cadre de leur mise en examen ils devaient fournir des preuves pour valider la remise de peine accordée par le procureur de la République. Ils ont livré plus de 4 heures de conversations enregistrées. Dans les enregistrements il y a, dans l’ordre : les manigances de Wesley pour la vente de reais en mai (délit d’initié), les manigances de Joesley pour faire obstruction à la justice en impliquant des membres de la justice fédérale et même du tibunal féréral suprême et les élucubrations de Joesley (encore) sur son goût pour les femmes mûres dans des relations extra-conjugales.
Résultat, les frérots croupissent dans une cellule aussi pourrie qu’eux, leur accord de remise de peine a été invalidé et la femme de Joesley s’est barrée.
Joesley inquiet
Wesley inquiet aussi
Est ce qu’ils ont oublié d’écouter leurs propres enregistrements avant de les livrer à la justice ? Sont-ils aussi débiles qu’on pourrait le penser ? Ou au contraire ont-ils un plan secret pour devenir les rois du monde ?
L’avenir nous le dira.
Quant à Michel Temer, il est toujours président, note que ça ne va peut être pas durer mais ce ne seront pas les frères bouchers qui l’auront ébranlé. Malgré les preuves accablantes les parlementaires ont voté contre la tenue d’un procès. Les voies de la politique brésiliennes sont impénétrables.
Alors, alors… c’est qui le prochain qui va essayer de me dégommer? viens, viens, je t’attends…
JBS, dont le cours des actions s’effondre gentiment, se retrouve sans chef et appelle papa Batista, 84 ans, à la rescousse. Entre croulants, ils devraient s’entendre.
*Nossa, littéralement : Notre. En général employé avec Senhora, Notre Dame, et s’utilise pour exagérer une exclamation. On appuie bien sur le NOOOOOSSA. ça pourrait se traduire par par « Putain ! » dans « Putain ! Mais que s’est il passé ? ». Les français sont beaucoup plus grossiers que les brésiliens. Enfin, surtout moi.
*Lava Jato, je t’ai déjà expliqué 1000 fois ce que c’était, mais si t’as oublié tu peux retourner là : Calamar, paix et amour.
Tu le sais, ou tu l’as entendu au loin, la justice brésilienne poursuit sa traque implacable et inexorable des gros méchants détourneurs de pognon qui s’en sont mis plein les poches pendant des années dans l’opération de blanchiment d’argent la plus grosse de l’histoire du monde moderne. Grosse par les sommes détournées (entre 10 et 40 milliards de Reais) et grosse par le nombre de gus impliqués. Sans entrer dans les détails, à peu près 98% de la classe politique brésilienne est mouillée, y compris Lula, ex-président, Dilma Rousseff, ex-présidente, Michel Temer, actuel Président.
Il y a deux ans, la Justice et la Police fédérale ont ouvert la boîte de Pandore en lançant l’opération Lava Jato* avec un concept super efficace: la remise de peine en échange d’informations. Les petits poissons faciles à attraper balancent les moyens et les moyens balancent les gros. Logique.
Hier, c’est Eduardo Cunha, l’ex-président de la chambre de députés et architecte de la destitution de Dilma Rousseff qui s’est fait embarquer. Un très très gros poisson. Il paraît qu’il a de quoi faire tomber tous les présidents des 20 dernières années. Parlera-t’il ?
En attendant la liste des prochains justiciables, intéressons nous aux seconds rôles du feuilleton.
Delton Dallagnol, procureur de la république
Auteur du PowerPoint qui place l’ex-président Lula au centre de toute l’opération. On apprécie le graphisme léché et le rappel subtil de la signification du nom de Lula ( qui veut dire calamar/pieuvre en portugais). Document présenté le 14 septembre 2016 lors d’une conférence de presse donnée par le procureur pour expliquer le rôle central de l’ex -président. Il a tout de même précisé qu’il n’avait pas de preuves mais une forte conviction.
Moi j’aurais préféré qu’il parle de Sharktopus, mais il n’a pas dû voir le film.
L’auteur anonyme des noms de chaque phase de l’opération Lava Jato
Le mec est un poète. Grâce à lui, les épisodes de la future télénovéla sont tout trouvés :
Chasse aux Fantômes (phase 32),
X files (phase 34),
Abysse (phase 31),
Vice ( phase 30),
Omerta (phase 35, la dernière en date)
Newton Hideroni Ishii, AKA ô Japonês da Federal
Policier fédéral chargé d’appréhender les pourris. Il est sur toutes les photos d’arrestation derrière ses Ray Ban noires, à tel point que des masques à son effigie sont vendus dans les boutiques de déguisements.
Il y a quelques mois, o Japonês da Federal s’est fait lui même embarquer pour contrebande.
Lucas Valença AKA Ô Hipster da Federal
On l’a vu pour la première fois hier lors de l’arrestation d’Eduardo Cunha à qui il a incontestablement volé la vedette. Il est musclé, il est stylé, il a une grosse barbe et un manbun de hipster. Depuis, l’internet frétille. Des hordes de filles s’exclament : « je suis coupable, viens m’arrêter », on apprend qu’il a 30 ans et qu’il a plus d’une vingtaine de tatouages répartis sur le corps. On sait aussi qu’il aime la plage et les chiens. Interrogé sur son succès fulgurant, l’intéressé a répondu humblement : « je ne fais que mon travail ».
Eduardo Cunha va t’il balancer ?
ô « Hipster da federal » sera-t’il chargé d’appréhender le prochain justiciable ?
Chaque soir, au Brésil, le temps se suspend. Tous les regards convergent vers la télé. Sur l’écran des héros au regard sombre vivent des histoires d’amour et de trahison. C’est LA NOVELA, le feuilleton, le soap opéra, la sitcom. Appelle ça comme tu voudras, c’est le Brésil qui a inventé le genre (en 1955) et qui a donné au monde ce grand moment de télé. Ne le remercie pas.
Les ingrédients du succès (selon wikipedia) sont : peu de personnages, mais toujours un bandit pourri et un très méchant, une intrigue à rebondissements, de l’amour, des trahisons, et si possible un fils perdu qui ne sait pas qui est son père (Star Wars serait elle une sitcom ?). Le titre doit être poétique et chargé de sens (amor e perdiçao, sangue rebelde) et la trame s’adaptera aux souhaits du public.
La série de l’année est un énorme carton diffusé dans le monde entier. Le succès est retentissant au point de faire descendre dans la rue des milliers de brésiliens qui ne sont pas d’accord avec les évolutions du scénario.
« Calamar, paix et amour » : des gros méchants, de la délation, de la trahison, de l’amour et du BTP. Et des fruits de mer.
Pilote (mars 2014):
Dilma Rousseff, ex-guerillera, torturée sous la dictature, camarade, amie et disciple de Lula (Lula veut dire calamar) son prédécesseur charismatique, est présidente du Brésil. Lula, lui profite d’une retraite bien méritée et reste patron du PT, le parti des travailleurs, qu’il a créé de ses 9 doigts (il en a perdu un dans une machine quand il était ouvrier métallo) et qu’il a mené au pouvoir.
Dilma jeune.
La Policia Federal mène une enquête ‘assez banale’ sur une cabine de lavage de voiture, un lava jato, dans une station service.
ici un lava jato qui vient chez toi laver ta voiture et qui en plus te donne un sapin qui sent bon gratos.
Episode 1 (septembre 2014):
L’enquête, contre toute attente, se complexifie et des noms importants apparaissent. La Policia Federal n’en revient pas de tout ce bol. Remonter jusqu’à l’ex PDG de Petrobras (fleuron pétrolier symbole de la formidable expansion du brésil des années 2000) à partir d’une pauvre station service, c’est Bingo. L’ex pdg en question est poursuivi, puis inculpé et il balance.
Les brésiliens découvrent médusés le plus grand système de corruption et de blanchiment d’argent, jamais révélé. Hommes politiques de tout bord, hommes d’affaires, tout le monde est impliqué. Le PT, au pouvoir depuis 10 ans, a sorti grâce à une politique sociale très offensive une bonne partie de la population de la misère et a payé des hélicos et quelques Porsche Cayenne a une bonne partie de la classe politique. C’est sa vision soviétique de l’économie: le partage.
Y’en a quand même un qui dit NãO à la corrupcão: Sergio Moro, jeune (né en 72) et ultra brillant, avocat diplômé d’Harvard, spécialité lutte contre le blanchiment d’argent, devenu juge de Curitiba (grande ville du sud du brésil). Il est le justicier implacable, incorruptible et déterminé qui a juré, craché qu’il aurait la peau de tous les pourris et qu’il leur ferait vomir leurs voitures de luxe par les trous de nez.
Fastforward 2014 / 2015
Sergio Moro aidé de la Policia Federal fait tomber les corrompus un par un. Chaque pourri attrapé balance le suivant. On trouve un peu de tout dans le lavajato, nom donné à l’opération: les leaders des principaux partis politiques, le groupe Odebrecht (énorme boite de BTP – Les chantiers de la coupe du Monde de foot en 2014 et des JO de Rio en 2016 sont de l’or en barres pour les attributions de marchés et les pots de vin), le groupe Petrobras, of course, même le président de la chambre des députés, principal leader de l’opposition a des comptes en Suisse.
Moro s’intéresse de très près à un triplex dans une station balnéaire chic et à des pédalos en forme de cygne qui flottent sur une marre dans une propriété à Atibaia, village pittoresque de la province de São Paulo.
Les pédalos
Pendant ce temps là, le brésil s’enfonce dans une crise économique jamais vue de mémoire d’homme (le brésilien est toujours mesuré dans ses descriptions), la popularité de Dilma s’écroule, les balcons et les voitures se couvrent de banderoles ‘fora Dilma’ (dilma dehors!), les brésiliens sortent dans la rue pour taper sur des casseroles. La procédure d’impeachment est lancée par Eduardo Cunha, président du parlement (celui là même qui a des comptes en Suisse).
Episode 128 : Novembre 2015
Sergio Moro tombe sur une info intéressante : apparemment les cygnes s’appellent Pedro et Arthur, les prénoms des petits enfants de Lula. Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ? Serait-ce Lula qui se promènerait sur les pédalo pendant qu’Odebrecht refait toute la propriété gratos? Lula est pour la première fois sérieusement impliqué.
Les pédalos vus de près.
Episode 129 (novembre 2015, toujours)
Delcidio do Amaral, sénateur, et membre éminent du PT se fait choper pour entrave à la justice. Il aurait dit à son pote Nestor (Cervero, un cadre de Petrobras) qui aurait des infos compromettantes le concernant : « combien tu veux pour fermer ta gueule? ». Sauf que le fils de Nestor, qui était fâché avec son père (il aurait essayé de lui piquer sa meuf, qui en fait était sa sœur mais qui ne savait qui était son père ?) aurait enregistré la conversation en question (je fais bien attention à utiliser le conditionnel, t’as vu). Delcidio embarqué par la police se serait écrié : Tu quoque le fili de nestor ! (Delcidio parlerait latin couramment).
Delcidio en clair obscur.
Delcidio est envoyé directement en détention préventive dans la prison de Rio, où il se serait fait livrer des diners préparés par un chef étoilé. C’est pas parce qu’on est en taule qu’il faut se laisser aller.
Dilma fait la gueule mais ne lâche rien. Plus elle s’accroche, plus le réal décroche. Dans ces contrées reculées du monde, le cours de la monnaie locale est intimement lié aux décisions politiques.
Episode 298 (février 2016) :
Moro découvre que le triplex sur la plage appartient à Lula. Tu noteras que tout le monde s’en fout que Lula ait un triplex sur la plage, ce qui intrigue les brésiliens c’est de savoir pourquoi leur ex président ne l’a pas déclaré au fisc (enrichissement illicite peut être ?).
Le triplex est assez moche, je me suis dit que tu préfèrerais la plage.
La tension monte d’un cran.
Delcidio s’ennuie ferme en prison, même s’il y mange bien. Il négocie une remise de peine contre des informations bouillantes. Non seulement Lula serait au courant de toutes les manigances, mais ce serait lui le patron.
La Policia Fédéral sonne à la porte de Lula et l’embarque pour lui poser « quelques questions ». A la sortie du poste Lula crie au scandale, Dilma accoure pour lui manifester son soutien et Moro prononce le mot prison.
La tension devient insoutenable.
Episode 299 – épisode double : Première partie (mercredi 16 mars 2016) :
Dilma, annonce la nomination de Lula au poste de ministre de la Casa Civil (les ministres bénéficient évidemment de l’immunité ministérielle et ne peuvent donc pas être envoyés en prison). Tout le monde se souvient d’une phrase prononcée par Lula, en 1988 alors qu’il était leader syndical : « au Brésil quand un pauvre vole, on l’envoie en prison, quand un riche vole on le nomme ministre » et Lula se dit qu’il aurait peut être mieux fait de fermer sa gueule en 1988.
Pour Moro c’en est trop. Il offre à la presse et au public l’enregistrement d’une conversation téléphonique datant de quelques jours auparavant entre Lula et Dilma :
ça dit :
Secrétaire de dilma: La présidente aimerait parler au président Lula
Garde du corps (Lula n’a pas de portable à son nom, il peut être joint sur le portable de son garde du corps, qui lui même utilise le portable d’un pote) : Oui d’accord, je vous le passe.
Lula : Aloha
Secrétaire : un instant s’il vous plait.
Pour patienter, de la bossa nova, vachement mieux que les 4 saisons.
Dilma : Lula, je suis en train de te faire envoyer le document pour ta nomination au poste de ministre, tu sais, au cas où.
Lula : d’accord. je l’attends.
Dilma : A utiliser en cas de besoin donc.
Lula : d’accord. Ciao chérie.
Cette conversation est une déflagration et fait descendre plusieurs millions de personnes dans les rues. Il y a autant de drapeaux brésiliens aux fenêtres que pendant une coupe du monde de foot et ça klaxonne à qui mieux mieux dans tout le pays. Tout ce barouf attire l’attention de la presse étrangère et c’est là que tu as du entendre parler de l’histoire.
Dilma et Lula crient au coup d’Etat en disant que les écoutes sont illégales, mais c’est trop tard, ce qui est dit est dit. Alea jacta est comme dirait l’autre.
Jeudi 17 mars midi, Lula est nommé ministre sous les sifflets des parlementaires présents dans la salle.
Jeudi 17 mars, 13h30 un juge invalide la nomination
jeudi 15h, la décision du juge est invalidée
Fin de l’épisode qui laisse le spectateur au bord de l’arrêt cardiaque. Lula le calamar sera t il ministre?
Episode 299 – deuxième partie (toujours le jeudi 17 mars)
Jeudi 17h, un juge de la cours suprême met fin à la dispute. La décision de le nommer ministre est une manifestation claire d’obstruction à la justice. La nomination est donc suspendue de manière préventive jusqu’au 30 mars. D’ici là il y aura des réunions pour décider si les arguments des uns et des autres sont fondés. Vu de là bas, chez toi, l’issue parait claire, mais vue d’ici, c’est pas si évident. Les voies de la politique sud américaine sont impénétrables et on n’est jamais à l’abri d’une surprise.
Jeudi soir : l’Avenida Paulista de São Paulo est envahie par les opposants à Dilma qui en ont raz la casquette et qui se demandent pourquoi Dilma et Lula ne sont pas encore en prison (Lula embarquerait Dilma dans sa chute, entre eux c’est « à la vie à la prison », ou « si je coule, tu coules avec moi »). Ils sont plusieurs millions à brandir des drapeaux brésiliens et des portraits du juge Moro.
Le lendemain, vendredi, la police vire les derniers résistants qui ont planté des tentes sur l’avenue. C’est déjà suffisamment le bordel question info traffic à Sao paulo, pas la peine de bloquer une des avenues les plus passantes de la ville. Le soir, la même Avenida Paulista se couvre de drapeaux rouges du PT. Lula harangue la foule, ce qu’il fait de mieux et hurle qu’il veut le bien de son pays et le bonheur de ses compatriotes mais surtout qu’il n’est que paix et amour: Lulinha Paz e Amor (c’est lui qui le dit)
Mardi 29 mars
Les brésiliens ont fait une pause pendant la semaine de Pâques, ici on ne prend pas à la légère les jours fériés. Dilma est toujours présidente, Lula n’est plus ministre mais pas encore en prison. Les cadres de l’entreprise Odebrecht, qui sentent que ça commence à chauffer et qu’il serait peut être temps de retourner leur veste annoncent qu’ils auraient une liste de noms avec les sommes versées correspondantes. Les cadres facétieux du géant du BTP auraient donné des surnoms pas piqués des hannetons à tous bénéficiaires de pots de vin ce qui promet un grand moment de rigolade.
and now what ?
La procédure d’impeachment a été accélérée. On devrait être fixés en avril. La policia federal et le juge Moro sont des héros nationaux. Certains brésiliens retrouvent l’espoir. Pour la première fois la justice et la police ont réussi à travailler main dans la main.
Évidemment, un des juges de la cours suprême, ami de Lula a réquisitionné les écoutes téléphoniques concernant Lula et démis le juge Moro de cette partie de l’enquête. Le gouvernement, acculé, tente le tout pour le tout.
Hier, Michel Temer, vice président et patron du PMDB (Partido do Movimento Democratico Brasileiro) a claqué la porte du gouvernement. Il aurait dit : « si tu coules, tu coules toute seule et si je peux je te donnerai un petit coup sur la tête parce que le plus beau dans l’histoire c’est que je vais être président à ta place ». Le divorce devrait être prononcé ce matin. Sans le PMDB Dilma perd la majorité.
ça pue la fin de règne désespérée, la preuve, Maduro, président du Vénézuela et Cristina Kirshner, ex présidente de l’argentine qui comme chacun sait sont des exemples d’honnêteté et d’intégrité ont créé un groupe de soutien pour leurs camarades Dilma et Lula.
Toi aussi tu penses que Dilma devrait démissionner ? Dilma est une idéaliste qui a résisté à la torture pour défendre ses idéaux. Elle s’accrochera jusqu’au bout. C’est ce qu’elle dit.
Et puis si elle est virée, qui lui succédera ? Les brésiliens cherchent toujours l’homme politique irréprochable, ou au moins un qui ne soit pas trop trop mouillé.